Quand EDF combat les économies d'énergie

Voltalis, un fabricant de boîtiers destinés à économiser l'électricité, vient d'être condamné à verser une taxe à EDF, qui s'estime lésée par cette technologie. Au grand dam des usagers.

Quand EDF combat les économies d'énergie

    Une décision « injuste et partiale ». Voilà comment Pierre Bivas, PDG de Voltalis, opérateur énergétique spécialisé dans la gestion de l'énergie pour les entreprises et les particuliers, qualifie la décision de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Selon nos informations, celle-ci vient de donner raison à EDF qui réclamait une « taxe » pour compenser le manque à gagner résultant des économies d'énergie réalisées par les clients de Voltalis.

    Cette entreprise, créée en 2007, a en effet mis au point un boîtier qui se fixe entre le compteur EDF et le tableau électrique et permet de réaliser des économies d'énergie, déclenchées en temps réel par Internet, en stoppant par exemple le chauffage ou la climatisation. Des économies d'énergie qui allègent la facture des clients, au détriment d'EDF.

    Le fournisseur d'électricité demandait ainsi « une rémunération de l'énergie effacée » par Voltalis. « Ceci signifie que, si un ensemble de clients d'EDF acceptent de réduire leur consommation, EDF exige d'être payé comme s'ils avaient consommé ! » précise Pierre Bivas. Cette taxe serait de l'ordre de 70 à 80 % des revenus de Voltalis, autant dire une ponction qui pourrait se révéler fatale pour l'entreprise. Les autres fournisseurs d'énergie (Poweo, Direct Energieâ?¦) se sont joints à EDF tout en réclamant une taxe d'un montant bien inférieur.

    Une décision surprenante

    Pierre Bivas estime qu'EDF cherche à freiner la généralisation de ce système car elle ne possède pas encore la technologie pour la développer elle-même. S'il ne s'étonne pas du lobbying effectué par l'opérateur historique, il regrette que la CRE s'en soit fait l'intermédiaire. « C'est une décision contraire à la mission de la CRE de servir les intérêts du consommateur, contraire au Grenelle de l'environnement et contraire aux lois du marché car elle constitue une entrave à la concurrence », s'indigne Pierre Bivas.

    Une décision d'autant plus surprenante que le 18 juin, la Ferc, l'équivalent américain de la CRE, encourageait au développement d'un système analogue qui permettrait d'économiser 20 % de l'énergie électrique consommée aux heures de pointe. Pierre Bivas ne compte toutefois pas en rester là : « Voltalis se réserve la possibilité de recourir à toutes les voies de droit pour faire rétablir la prééminence des consommateurs sur l'intérêt des fournisseurs, et au-delà de l'intérêt général comme de la protection de notre planète, tous menacés par cette décision. » Contactée hier, EDF n'a pas souhaité faire de commentaire.