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Lignerolle pionnier de la biomasse

22 août 2014

Une exploitation familiale de la Commune a inauguré hier une centrale destinée à transformer le fumier et d’autres déchets organiques en source d’énergie.

Jacqueline de Quattro dans le compartiment du hangar de stockage réservé au marc de café. Les engrais de ferme représentent toutefois 80% de l’approvisionnement de la centrale de biomasse fermentable Agrogaz Lignerolle S.A.

Jacqueline de Quattro dans le compartiment du hangar de stockage réservé au marc de café. Les engrais de ferme représentent toutefois 80% de l’approvisionnement de la centrale de biomasse fermentable Agrogaz Lignerolle S.A.

La centrale de biomasse fermentable inaugurée hier à la Ferme du Contour, à Lignerolle, seize mois après le début des travaux, fait de l’exploitation de la famille Petermann l’un des acteurs d’un tournant majeur en matière énergétique : la sortie du nucléaire.

«Lors de la construction de la ferme, il y a plus de dix ans, nous avions déjà en tête de trouver des solutions pour fabriquer de l’énergie à partir des engrais de ferme», a indiqué Frédéric Petermann. En 2009, il suit un cours sur le biogaz. L’agriculteur fait aussi des visites dans des installations existantes, et trouve un partenaire pour son projet, à savoir Romande Energie, qui détient 40% d’Agrogaz Lignerolle S.A., contre 60% pour Petermann père et fils, l’investissement total représentant 5,5 millions de francs.

«Il s’agit de notre première installation de biomasse fermentable. C’est un risque financier lié à l’emploi de nouvelles technologies qui demande d’avoir une grande confiance en l’agriculture pour alimenter la centrale sur une durée d’exploitation de 25 ans», a souligné Pierre-Alain Urech, le directeur de Romande Énergie.

Le site de Lignerolle est destiné à produire 2,5 millions de kWh par année à partir de 16 000 tonnes de matériaux. L’électricité produite bénéficie du programme de rétribution à prix coûtant (RPC) de la Confédération, une condition indispensable à la viabilité d’Agrogaz, compte tenu du prix très bas de cette source d’énergie à l’heure actuelle, a relevé Pierre-Alain Urech.

L’une des solutions énergétiques d’avenir

La conseillère d’État Jacqueline de Quattro, cheffe du Département du territoire et de l’environnement, a relevé l’importance d’installations comme celle de Lignerolle dans le cadre de la politique énergétique prônée par le Canton et la Confédération. Des projets appelés à se multiplier en lien avec toutes les énergies renouvelables, dans la mesure où aucune d’entre elles ne suffit, à ce jour, à remplacer l’atome. «Vous êtes parmi les pionniers», a-t-elle déclaré à l’adresse des partenaires d’Agrogaz.

 

La centrale de Lignerolle est destinée à profiter aux agriculteurs et aux habitants environnants

Des installations pensées pour éviter tout gaspillage

Le projet Agrogaz allie innovation et diverses technologies pour optimiser chaque détail de l’installation. Tout dans la centrale est pensé pour valoriser les déchets et éviter au maximum les pertes de matériaux et d’énergie. «La Ferme du Contour est un site de mixité énergétique et d’optimisation de surface», explique Pierre- Alain Urech, directeur général de Romande Énergie.

Le principe de fonctionnement est de faire fermenter, dans deux cuves colossales, des déchets organiques provenant des exploitations agricoles alentours ou d’origine industrielle tels que les résidus de céréales (drèches) de la brasserie Boxer ou des poussières provenant du moulin de Chavornay. Les bennes des camions apportant les diverses substances sont lavées sur place, l’eau de lavage étant recueillie pour être immédiatement réinjectée dans le système.

Émission de CO2 maîtrisée

Le méthane produit par la fermentation est utilisé comme combustible dans un moteur produisant l’électricité qui devrait couvrir la consommation annuelle de 700 ménages. Le fait de brûler ce gaz à l’intérieur de l’installation permet d’économiser près de 1500 tonnes de CO2.

La chaleur générée par ce moteur est réinjectée pour sécher les foins dans la grange avoisinante, ainsi que pour alimenter les hameaux voisins du Versé et du Vailloud.

Un engrais pour les champs

Le digestat, c’est-à-dire la masse de déchet fermentés, permet l’épandage de plus de 600 hectares de champs. Les deux tiers de cette substance sont acheminés directement dans les parcelles via un système de conduites, afin d’éviter les transports motorisés. Malgré la modestie de la production énergétique des centrales de biogaz, cette technique brille par ses dispositifs astucieux qui maximisent son écoresponsabilité.

En plus de sa production énergétique à partir de la biomasse, l’exploitation agricole génère de l’électricité pour 130 ménages par le biais de panneaux solaires installés en 2013. Antoine Michel

Ludovic Pillonel