Territoire de Belfort - Environnement La phénoculture, ou l’art de jardiner sans se fatiguer, sera présentée à Valdoie

Comment jardiner sans se fatiguer ? Didier Helmstetter, auteur du « Potager du paresseux », a la parade : respecter les organismes vivants et utiliser du foin. Les 5 et 6 mai, il sera aux portes ouvertes du lycée agricole de Valdoie. Entretien.
Myriam ZENINI - 25 avr. 2018 à 17:25 | mis à jour le 25 avr. 2018 à 17:42 - Temps de lecture :
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Didier Helmstetter dans son jardin, du côté d’Obernai, en Alsace. Depuis cinq ou six ans, cet ancien ingénieur agronome pratique ce qu’il a baptisé la phénoculture.  Photo DR
Didier Helmstetter dans son jardin, du côté d’Obernai, en Alsace. Depuis cinq ou six ans, cet ancien ingénieur agronome pratique ce qu’il a baptisé la phénoculture. Photo DR

Votre ouvrage, « Le Potager du paresseux », paru en février, donne les clefs d’un jardinage bio, sain, abondant, et sans se fatiguer. Quel est le point de départ de ce livre ?

« J’ai fait un infarctus il y a quelques années, j’ai moins de force physique. Je raconte dans mon livre comment j’ai dû mettre au point un système qui fonctionne mieux, en travaillant beaucoup moins. J’en suis arrivé à la conclusion qu’il fallait coopérer avec les organismes vivants du sol, pour qu’ils fassent le boulot à ma place. »

Quels sont ces organismes principaux ?

« Les champignons, les bactéries, les vers de terre, principalement. Pour optimiser leur rôle, il faut exclure tout travail du sol, car on les dérange. Il faut aussi poser son motoculteur, et éviter de couper les vers de terre en morceaux… »

Vous utilisez également du foin, une méthode que vous avez appelée la phénoculture…

« En partant de la volonté de ne pas nuire, j’en suis arrivé au foin. C’est le meilleur compromis, par rapport à la paille, à la sciure, au fumier et au compost. Et surtout par rapport aux cartons ! Ceci dit, on peut utiliser tout ça, mais ce n’est pas optimiser : le foin contient des protéines, de l’azote et du carbone, alors que la paille, par exemple, contient essentiellement du carbone. »

Dans votre jardin, de quelle manière procédez-vous ?

« Lors de la deuxième quinzaine de novembre, je déroule mes rouleaux de foin dans mon jardin, à raison de 3 ou 4 kilos par mètre carré. L’hiver passe là-dessus, et au printemps, j’enlève le foin là où je veux et je sème. Si je plante, je fais juste un petit trou et je laisse pousser. »

La phénoculture, c’est en quelque sorte de la permaculture ?

« Disons que le terme permaculture a été dévoyé. D’après ses théoriciens [les Australiens David Holmgren et Bill Mollison, N.D.L.R.], c’est d’abord une philosophie de vie, qui se veut respectueuse de l’environnement, en ayant le moins d’impact sur lui. Ce n’est pas une technique de maraîchage. »

« Il y a eu une prise de conscience sur les limites d’un système de culture classique ; il est normal que les gens trouvent des alternatives »

Que voulez-vous dire ?

« Je pense à une certaine forme de permaculture, celle qui consiste à creuser, casser les galeries de ver de terre et enterrer du bois… Je trouve ça dommage de faire ça, et que les gens se soient fatigués à faire quelque chose de destructif. Heureusement, le vivant est tellement généreux qu’il corrige les plus grosses bêtises que l’homme peut faire. Je ne conteste pas que ça marche, tout comme l’agriculture intensive. Je dis juste qu’on peut optimiser, faire mieux. »

Comment expliquez-vous cela ?

« Il y a eu une prise de conscience sur les limites d’un système de culture classique ; il est donc normal que les gens trouvent des alternatives. Mais ils ne poussent pas la logique jusqu’au bout. À partir d’une volonté sincère de faire différemment et mieux, un effet de mode s’est développé. Mais la mode n’est jamais sensée, elle correspond plus à un besoin de changement. »

Dans votre ouvrage, vous donnez donc des explications scientifiques, parce qu’il est nécessaire de comprendre la terre avant de la cultiver ?

« C’est un ouvrage de vulgarisation scientifique, qui explique comment fonctionne le vivant, mais il est écrit pour que chacun puisse comprendre. »

Didier Helsmtetter donnera une conférence au lycée agricole de Valdoie, samedi 5 mai à 14 h.

Le vivant est tellement généreux qu’il corrige les plus grosses bêtises que l’homme peut faire.

Didier Helmstetter, auteur du « Potager du paresseux »

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