Centrale de Penly : la fuite maîtrisée, le réacteur à l'arrêt plusieurs jours

Centrale de Penly : la fuite maîtrisée, le réacteur à l'arrêt plusieurs jours

    EDF a annoncé vendredi la fin de la fuite et «un retour à la normale» sur le circuit de refroidissement du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Penly (Seine-Maritime), assurant que l'incident n'avait eu «aucune conséquence sur l'environnement». «Depuis 4 heures ce matin, il n'y a plus de fuite au niveau du joint de cette pompe», assure EDF dans un communiqué publié vendredi matin. «Ce retour à la normale sur le circuit de refroidissement a permis de lever le plan de mobilisation interne à 05h15 ce matin», ajoute le groupe.

    «Dans la nuit du 5 au 6 avril, les équipes de la centrale de Penly ont réussi à maîtriser la fuite d'eau sur le joint de la pompe du circuit primaire de refroidissement du réacteur en faisant baisser la pression et la température de ce circuit», précise le communiqué. Cet incident n'a «pas perturbé le refroidissement du réacteur», souligne EDF. Le réacteur avait été arrêté automatiquement jeudi, après deux départs de feu qui se sont produits dans le bâtiment abritant le réacteur n°2. L'Autorité de sûreté nucléaire a classé provisoirement l'incident au niveau 1 (l'échelle de risque en comporte sept dont le niveau zéro) sur une échelle qui en compte 7. L'ASN qui doit mener une inspection sur place ce vendredi avait mobilisé son centre d'urgence.

    VIDEO. EDF annonce un retour à la normale vendredi matin

    Le réacteur en «arrêt à froid». Ce réacteur restera «plusieurs jours à l'arrêt», a déclaré vendredi Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF, envisageant un arrêt de 4,5,6 jours, jusqu'à une dizaine de jours.. Pour EDF, il s'agit à la fois de réparer la pompe du circuit primaire du réacteur, et de «comprendre ce qui s'est passé dans le détail». «On ne redémarrera pas avant de savoir ce qui s'est passé», a-t-il affirmé. Le réacteur a continué à refroidir toute la nuit, et devrait être en «arrêt à froid», permettant une intervention sur le circuit primaire «peut-être ce soir», ou un peu plus tard dans le week-end, lorsque la pression atmosphérique du circuit primaire aura été ramenée à 1 bar, selon EDF. Tôt dans la matinée, la pression avait déjà été ramenée à 28 bars, contre 155 en fonctionnement normal du réacteur.

    «Pas de contamination» des personnels. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l'ASN assurait que la fuite d'eau du circuit primaire du réacteur avait été «ramenée à des valeurs prévues», en dessous des valeurs maximales admissibles en fonctionnement normal. L'eau radioactive échappée du circuit a été «collectée par des circuits prévus à cet effet», selon l'ASN, qui a levé dans la nuit son dispositif de crise. Selon le directeur général de l'ASN, Jean-Christophe Niel, une personne a été légèrement brûlée pendant l'intervention dans le bâtiment réacteur. Selon EDF, qui avait dit dans un premier temps qu'il n'y avait pas de blessés, «il s'agit d'une blessure limitée». Jean-Christophe Niel a précisé qu'aucune contamination radioactive n'avait été décelée sur les 29 personnes entrées dans le bâtiment réacteur pour éteindre les départs de feu.

    Un incident grave selon Greenpeace. «Ce qui s'est passé aujourd'hui (nldr. jeudi) est un incident grave», a estimé Sophia Majnoni, en charge des questions nucléaires pour Greenpeace France. Yannick Rousselet, spécialiste du nucléaire à Greenpeace, a jugé l'incident «sérieux». «Le circuit primaire c'est celui qui circule dans la cuve (du réacteur), celui qui refroidit directement le combustible. Une fuite du primaire c'est évidemment extrêmement important», a-t-il déclaré. «Il est évident que, pour le moment, on ne peut pas dire que ce soit grave au niveau des conséquences environnementales ou de santé extérieure puisqu'il y a rien pour le moment. Par contre, en terme de type d'accident, c'est un accident grave au sens de la sûreté», a-t-il ajouté, souhaitant que l'ASN exige «un contrôle de toutes les pompes» des centrales nucléaires.

    VIDEO. Greenpeace demande un «contrôle de toutes les pompes» de refroidissement

    Les Verts «hyper-vigilants». «Un joint défaillant, une flaque d'huile et un départ de feu dans le bâtiment d'un réacteur nucléaire ne peuvent être considérés comme anodins. Nous parlons de nucléaire là, pas de la chaudière du gymnase du coin», a réagi Eva Joly, candidate d'Europe Ã?cologie Les Verts à la présidentielle. «Une fois de plus, j'attends du gouvernement qu'il garantisse toute la transparence sur les événements de Penly», a expliqué l'écologiste. Sa porte-parole, la députée européenne Michèle Rivasi, a estimé qu'il était nécessaire de rester «hyper-vigilants». «Le nucléaire, quand il y a un incident, on est toujours très vigilants car un incident peut conduire à autre chose». Le circuit primaire du réacteur n°2, d'où s'est échappée l'eau, contient une «eau qui est en contact avec les combustibles. C'est donc hyper-radioactif», a déclaré sur LCI cette spécialiste des questions nucléaires, qui a fondé la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) en 1986. «Je pense, au vu des informations dont on dispose, que c'est un incident très sérieux, mais que ce n'est pas une catastrophe, a déclaré de son côté Cécile Duflot, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts. Il y a un manque de transparence autour du nucléaire», a-t-elle accusé. S'il devait se passer la même chose à Penly qu'à Fukushima, ça veut dire qu'il n'y a plus de Dieppe, qu'il n'y a plus d'habitants au Tréport pendant des centaines d'années».

    Le feu a pris sur «deux petites flaques d'huile». Le premier incident s'est déroulé jeudi midi. «Le 5 avril 2012, à 12h20, une alarme incendie s'est déclenchée suite à un dégagement de fumée dans un local situé dans le bâtiment réacteur de l'unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Penly. Les systèmes de sécurité se sont enclenchés normalement et le réacteur s'est arrêté automatiquement», expliquait EDF dans un premier communiqué publié sur le site de la centrale jeudi après-midi. Un peu plus tard, le groupe affirmait : «A 13h15, les pompiers, en tenue de protection contre la radioactivité, sont intervenus dans le bâtiment réacteur de l'unité de production n°2 de la centrale nucléaire de Penly pour éteindre deux départs de feu. Il n'y a aucune conséquence sur l'environnement ».

    Dans la soirée le directeur délégué du site, Laurent Lacroix, expliquait à France 3  que les pompiers avaient constaté que le feu avait pris sur «deux petites flaques d'huile qui ont été éteintes à l'aide d'extincteurs». «Nous sommes en train d'établir les causes de la présence de ces flaques d'huile à cet endroit. Les investigations en cours permettront de déterminer pourquoi elles étaient là et comment elles se sont enflammées», avait-il ajouté.

    Début 2009, le site de Penly avait été retenu pour accueillir le second réacteur nucléaire français de 3e génération. Depuis, des incertitudes planent sur ce projet et l'ouverture d'une enquête publique, initialement prévue en 2011, a par ailleurs été reportée. En janvier dernier, un mois après l'intrusion de militants de Greenpeace dans certaines centrales françaises, les sites nucléaires, dont celui de Penly, avait décidé de renforcer leur sécurité.

    VIDEO. Penly : deux départs de feu dans un réacteur de la centrale