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La France suspend la livraison du premier Mistral à la Russie

Le contrat est « suspendu jusqu'à novembre ». L'Elysée explique cette décision par la gravité de la situation en Ukraine.

Le Monde avec AFP

Publié le 03 septembre 2014 à 18h09, modifié le 04 septembre 2014 à 09h20

Temps de Lecture 3 min.

Un navire Mistral, commandé par la Russie, à Saint-Nazaire en mai 2014.

A la veille d'un sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, l'Elysée a annoncé, mercredi 3 septembre, que la France suspendait la livraison du premier navire Mistral à la Russie, alors que les présidents russe et ukrainien semblaient pourtant cheminer vers une sortie de crise.

« Le président de la République a constaté que, malgré la perspective d'un cessez-le-feu qui reste à confirmer et à être mis en œuvre, les conditions pour que la France autorise la livraison du premier BPC (bâtiment de projection et de commandement] ne sont pas à ce jour réunies. »

L'Elysée explique cette décision par la gravité de « la situation en Ukraine », soulignant que « les actions menées récemment par la Russie dans l'est du [pays] contreviennent aux fondements de la sécurité en Europe ». Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, avait dénoncé vendredi la présence de troupes russes dans l'est de l'Ukraine, tandis que l'Union européenne se prépare à adopter de nouvelles sanctions contre Moscou.

Une source diplomatique française a précisé que le contrat était « suspendu jusqu'à novembre », soit un mois après la date prévue de livraison. « C'est à cette date que l'on verra s'il y a des conséquences financières », a précisé cette source, ajoutant que celles-ci pourraient atteindre « 1 milliard d'euros ».

Lire la chronique (en zone abonnés) : Article réservé à nos abonnés Mistral perdant

« PAS UNE TRAGÉDIE » RÉTORQUE LA RUSSIE

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La Russie n'a pas tardé à réagir à cette annonce. « Le refus de ce contrat ne sera pas une tragédie pour nous en matière de plan de réarmement », a jugé un vice-ministre russe de la défense, Iouri Borissov. « Même si c'est bien évidemment désagréable et apporte certaines tensions dans les relations avec nos collègues français », a-t-il ajouté.

Washington et les pays Baltes, qui dénonçaient vigoureusement le contrat, ont de leur côté salué « la sage » et « la bonne » décision prise par Paris.

« PRESSION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE »

La France était sous le feu des critiques internationales, alors que Moscou est touché par de nombreuses sanctions commerciales pour son implication dans le conflit ukrainien. Mercredi, les Etats-Unis avaient une nouvelle fois dénoncé le projet de vente. Cette livraison a aussi été vivement critiquée en Europe, par la Grande-Bretagne et la Lituanie notamment.

Mardi, c'est le président du Parti populaire européen (PPE, droite), le groupe politique le plus important au Parlement de Strasbourg, l'Allemand Manfred Weber, qui haussait le ton :

« Dans le contexte de tension sans précédent avec la Russie, alors que l'Union européenne tente de faire front et de parler d'une seule voix , il est totalement impensable que la France poursuive la livraison de ses porte-hélicoptères Mistral à la Russie et forme des soldats russes au maniement de ceux-ci. »

Jusqu'ici, Paris s'était abrité derrière le fait que les vagues successives de sanctions décidées par l'UE à l'égard de la Russie excluaient les contrats militaires déjà en cours d'exécution. Or le contrat avec la Russie, qui porte sur deux navires porte-hélicoptères pour un montant de 1,2 milliard d'euros, avait été signé en 2011.

« STUPÉFACTION » POUR LES OUVRIERS DES CHANTIERS NAVALS

Le marché inclut des transferts de technologies pour environ 220 millions d'euros, ainsi qu'une formation des équipages russes. Le premier navire devait être livré en octobre, et des marins russes avaient d'ailleurs déjà commencé à s'entraîner à bord.

A la mi-août, le groupe public d'armement russe Rosoboronexport avait affirmé que Moscou n'avait prévu son « paiement final » à la France qu'à la réception du deuxième navire, dont la livraison est prévue en novembre 2015.

La construction des bâtiments est assurée par l'entreprise STX France, sous-traitante de DCNS, à Saint-Nazaire, dans la Loire-Atlantique, et a permis de créer mille emplois. Jean-Marc Perez, secrétaire adjoint FO, syndicat minoritaire chez STX, a évoqué une réaction « de stupéfaction et de scandale »« Si l'annonce du président se concluait par l'arrêt de la construction, ce seraient des centaines d'emplois qui seraient mis en difficulté aussi bien chez STX que chez les sous-traitants. C'est inacceptable, intolérable », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP

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