Le 22 mars dernier, les arboriculteurs de l’Association Rhône-Loire de développement de l’agriculture biologique réclamait l’autorisation d’un insecticide à base d’Azadirachta indica, un arbre d’Asie du Sud communément appelé Neem, lors d’une rencontre avec des représentants du Service régional de l’alimentation de Rhône-Alpes (SRP).
Bien qu’interdit d’usage en France, ce pesticide est déjà largement utilisé par des arboriculteurs bio, et l’administration semble faire preuve de clémence.
Feuillage et fleurs de Neem asiatique
Cet usage illégal ne serait pas pour me scandaliser si les nombreuses et bénéfiques propriétés naturelles du Neem (antifébrile, antibactérienne ou anti-inflammatoire) ne présentaient également certains risques pour les abeilles et les humains. Chez l’hyménoptère, une étude de 2000 [1] montrent en effet que l’azadirachtin (la molécule active de cet insecticide végétal) réduit significativement la consommation de sirop des butineuses en condition expérimentale. L’équipe a montré, en outre, un effet de mortalité chez les abeilles adultes avec des sirops contaminés par l’azadirachtin (à partir d’une concentration de 10.87 µg ou microgramme/ml de sirop), et plus encore chez les larves d’ouvrière (à partir de 100.13 ng ou nanogramme/ml). Les nymphes ont également présenté des pigmentations précoces et anormales de plusieurs appendices.
Quant aux mammifères, une étude fait état de perturbation endocrinienne par cette molécule [2] - le Neem est parfois utilisé comme moyen de contraception en Inde -, une autre rapporte qu’il s’agit d’un carcinogène génotoxique [3], et une troisième qu’il provoque des lésions du foie et des poumons chez le rat [4].
Comme quoi tout ce qui est « naturel » n’est pas forcément à consommer ! Il est bon de rappeler que dans leur développement évolutif, les plantes, qui ne peuvent fuir leurs nombreux prédateurs, ont mis au point pour se défendre des poisons parfois redoutables. À manier donc avec précaution...
[1] Peng C Y S et al. (2000) The effects of azadirachtin on the parasitic mite, Varroa jacobson and its host honey bee (Apis mellifera), Journal of Apicultural Research, Vol. 39 (3-4) pp. 159-168.
[2]Shakti N. Upadhyay et al. (1993), Antifertility Effects of Neem (Azadirachta indica) Oil in Male Rats by Single Intra-Vas Administration : An Alternate Approach to Vasectomy, Journal of Andrology.
[3]Rosenkranz HS et Klopman G (1995) An examination of the potential « genotoxic » carcinogenicity of a biopesticide derived from the neem tree, Environ Mol Mutagen.
[4]Rahman MF er Siddiqui MK. (2004) Biochemical effects of vepacide (from Azadirachta indica) on Wistar rats during subchronic exposure, Ecotoxicol Environ Saf..